Réglementation
Malgré les nombreuses lois qui tentent de lutter contre les inégalités connues entre les femmes et les hommes, dans les faits, les inégalités perdurent et les représentations stéréotypées, qui se forment dès la petite enfance, ferment pour trop d’enfants encore les champs du possible. Les approches sexistes de l’éducation, conscientes ou non, constituent autant de limitations à l’exercice de la liberté individuelle, autant d’entraves à l’épanouissement, et sont facteurs d’inégalité.
L’enfant, fille ou garçon, est conditionné par les attitudes et les comportements stéréotypés de l’adulte. Pour éviter les discriminations et les inégalités basées sur le sexe, l’enfant doit être éduqué à l’égalité dès son plus jeune âge. L’article 29 de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’Enfant traitant des buts de l’éducation stipule que l’éducation de l’enfant doit viser à préparer l’enfant à assumer les responsabilités de la vie dans une société libre, dans un esprit de compréhension, de paix, de tolérance, d’égalité entre les sexes et d’amitié entre tous les peuples.
Les études en neurobiologie montrent que si les cerveaux des mâles et des femelles sont différents en raison de la physiologie de la reproduction, il n’existe pas de différences significatives entre un cerveau de fille et un cerveau de garçon dans les fonctions cognitives supérieures, soit celles qui permettent d’apprendre, d’imaginer, de désirer, etc. Il existe en revanche des différences considérables d’une personne à l’autre, car 90 % des connections qui relient les neurones entre eux, ne se forment qu’après la naissance, et ce sous l’influence de l’environnement « intérieur » (effet des hormones, de l’état nutritionnel, des maladies, etc.) mais surtout extérieur (interactions familiales, sociales et culturelles).
Le cerveau se modifie donc en fonction de l’apprentissage et de l’expérience vécue. Or, partout dans le monde, à des degrés divers, l’éducation favorise chez l’enfant des besoins, des goûts, des capacités physiques ou intellectuelles, un type de relations aux autres, dits « masculins » ou « féminins », qui dépendent de son sexe et non de sa personnalité propre, entravant de ce fait le plein épanouissement de sa personnalité.
Dans les accueils de loisirs
D’une manière générale, les stéréotypes entravent le libre choix des enfants. Soit parce que les adultes qui en sont imprégnés tendent à s’opposer aux activités perçues comme non conformes au sexe de l’enfant, soit parce que l’enfant s’autocensure. On destine les garçons aux activités reposant sur la force, la compétition, l’occupation de l’espace public. Et les filles, aux activités qui privilégient la sensibilité, l’effacement, l’espace fermé ou privé.
Transgresser les normes du genre est plus risqué pour un garçon. Dans un contexte de domination masculine, expérimenter des activités considérées comme féminines est en effet dévalorisant, alors qu’expérimenter des activités considérées masculines peut être valorisant pour une fille.
Rôle des professionnels de l’enfance et de la jeunesse
Comme le souligne le Comité des Droits de l’enfant dans son Observation générale n°1 de 2001 sur les buts de l’éducation, «l’éducation dépasse de loin les limites de l’enseignement scolaire formel et englobe toute la série d’expériences de vie et des processus d’apprentissage qui permettent aux enfants, individuellement et collectivement, de développer leur propre personnalité, leurs talents et leurs capacités et de vivre une vie pleine et satisfaisante au sein de la société. L’objectif est de développer l’autonomie de l’enfant en stimulant ses compétences, ses capacités d’apprentissage et ses autres aptitudes, son sens de la dignité humaine, l’estime de soi et la confiance en soi. »
Les professionnel-le-s de l’enfance et de la jeunesse ont donc un grand rôle à jouer dans cet apprentissage, car ils sont le plus à même de développer des schémas sociaux objectifs et neutres pour le développement harmonieux des enfants placés sous leur responsabilité.
Les préjugés sont tenaces et véhiculés de manière peu consciente. Pour faire bouger durablement les choses, il semble donc indispensable de semer des graines égalitaires précoces. C’est pourquoi il faut apprendre à décrypter les messages véhiculés au travers de nos propres attitudes, nos paroles et celles des enfants.
Observer nos comportements à l’égard des filles et des garçons, prendre conscience de nos pratiques qui peuvent être discriminatoires à l’encontre d’un sexe, d’en discuter au sein de l’équipe, de remettre en cause les comportements et d’envisager personnellement et collectivement des changements, afin de promouvoir de nouvelles pratiques éducatives avec une charte pédagogique qui tienne compte d’une éducation non sexiste.
Conseils et bonnes pratiques
Sélection de ressources utiles pour construire une approche éducative non sexiste en accueil de loisirs :
https://padlet.com/RacPac/n8171ifbx2ff